mardi 16 novembre 2010

Des économistes qui perdent les pédales un peu vite

Devant la politique de quantitative easing du Président de la Fed Bernanke et les plans de relance que souhaiteraient Obama, certains de nos économistes s'étouffent de fureur contenue ou au contraire se répandent en invectives comme ce gérant de fond sur BFM TV dont je tairais le nom.


Pourtant les autorités américaines en définitive appliquent plus ou moins (plutôt moins, il préconise une relance beaucoup plus massive) les recettes préconisées par Nouriel Roubini, le docteur Doom qui avait prédit la crise et que tous encensaient voici deux ans.
Lancer la planche à billets qui fait mécaniquement baisser le dollar, redonne de la compétitivité et relance l'activité, jusqu'à un niveau d'inflation suffisant pour croquer la dette et redonner aux actifs une valeur nominale supérieure ou égale à celle enregistrée dans les comptes des banques. De toutes façons, il vaut mieux croiser les doigts pour que ça marche parce que dans le contexte d'archéo libéralisme du pays, et on sait qu'il s'apprête à reconduire les baisses d'impôt "Bush" en faveur principalement des plus aisés, il n'y a guère d'autres propositions crédibles. Il faudra bien un autre siècle pour que cette nation consente à entrer dans la civilisation post coloniale.

Les fondamentaux de la crise étant dans la répartition des revenus, et l'arbitrage de la valeur, il nous faudra nous armer de patience.

Les chinois ne réévalueront pas significativement le Yuan, ils sont en compétition sur les marchés avec l'Inde et la Corée et ont besoin de rester les mieux disants à l'exportation ne serait ce que pour financer leurs énormes besoins de matières premières et surtout s'éviter un ralentissement générateur des troubles sociaux dont le pays, quand la censure ne nous le dissimule pas, ne semblent pas avare.
 En acceptant une baisse du dollar, ils consentent en définitive une marge arrière, un discount au client sur les ventes réalisées ce qui reste du domaine du supportable. Pour les rois du pétrole, la baisse du dollar est évidemment acceptable tant que la consommation ne baisse pas ou que le grand protecteur après le très Haut ne décide au nom de la Crise et des économies nécessaires de rapatrier ses armées qui maintiennent leurs régimes dictatoriaux et corrompus aux manettes.

Reste donc les pays dits émergents et l'Europe. Pour les premiers comme par exemple le Brésil, ils sont pour la plupart aussi détenteurs de matières premières qui tant en raison de leurs rôles de valeurs refuges mais aussi parce que les marchés voient de la croissance et donc de la demande sur la planète permettent aux capitaux qui affluent de trouver un emploi dans la prospection, l'extraction et les infrastructures nécessaires. La question tient plus dans la faculté que ces pays auront de faire fructifier ces capitaux sur place plutôt que de les laisser être détourner sur les comptes fantômes de leurs dirigeants dans quelques paradis fiscaux.


Pour notre continent par traité, nous nous sommes interdits les expédients de nos cousins et le monde nous imagine au bord du précipice. Tant est si bien que nos économistes en perdent les pédales, l'un proclamant la nécessité de nationaliser la banque, ce qu'à fait bien malencontreusement l'Irlande, l'autre qu'il ne faut pas hésiter à déclarer le pays libéré de sa dette unilatéralement, quitte à faire exploser le système, hypothèse qui le met en grande jubilation.



Aux libéraux qui proposent l'Etat comme variable d'ajustement, nous devons répondre résolument que c'est pour nous la Banque et en cela nous ne devons en garantir que ses fonctions de service public délégué dont nous sommes par ailleurs les premiers créanciers.

Ensuite, l'Etat ne peut être en faillite quand on le laisse émettre ses factures et s'il se garde de prendre à sa charge la dette des capitalistes, bien au contraire, il est le garant de la poursuite de l'activité économique en tant de crise car il peut au besoin confisquer les seuls Actifs des sociétés défaillantes au titre de la dette sociale qu'elles ont générer. C'est aussi parce que l'Irlande limitant l'imposition avait limité son secteur public qu'elle affronte une masse de demandeurs d'emploi plus conséquente que de toutes façons, il lui faudra nourrir et loger et nous ne disons pas revêtir de l'uniforme et mettre en armes comme l'ont fait les fascistes.

Quand nous évoquons les nationalisations, nous entendons bien des Actifs, les libéraux de la Dette et c'est ce que nous devons leur faire savoir.



Nous, en Europe, sommes les nations les plus avancées culturellement, nous avons développés la démocratie bien au delà de tout autre, faisant  s'épanouir l'art du vivre ensemble quasiment à la perfection.C'est notre richesse et c'est à celle ci que l'on nous demande de renoncer pour régresser vers quelques formes archaïques du libéralisme ou du socialisme moins avancées qu'avariées.
Notre richesse c'est notre collectif, nos villes harmonieuses, notre système de santé, nos loisirs organisées: ce sont les biens que nous pouvons proposer à l'exportation et que l'on nous propose au contraire d'affecter d'une  valeur nulle sur nos comptes
Mais voyons dans l'Ordre: On nous dit que les comptes de la Nation sont dans le rouge, dans le même temps les écarts de richesse s'accélèrent. Il tombe sous le sens qu'il faut solliciter de ces nouveaux riches les contributions à la hauteur de leurs nouvelles aisances. On sait faire, demandez à l'Allemagne, à Boris Becker et Michael Schumacher. Quand il faut leur faire un dessin, quatre barreaux sur une feuille blanche suffisent pour les instruire.
Mais c'est notre balance des paiements en berne qui soulève l'inquiétude et c'est là que commence ma démonstration.

Le libéralisme est fondée sur la consommation individuelle en laissant les acteurs décider librement de l'usage de leurs revenus.
Or force est de constater qu'avec une population vivant désormais à 85% en zone urbaine, les comportements doivent et sont en réalité de plus en plus encadrés.Toute une partie de la richesse doit être consacrée à l'entretien des villes, des bâtiments, des réseaux, ce que ne font pratiquement pas les archaïques américains.
La crise immobilière est d'abord une crise foncière, les terrains se font rare, sont chers et de toutes façons la puissance publique n'a plus les moyens de déployer les réseaux nécessaires pour alimenter des lotissements sous peuplés.

Qu'on l'admette ou non pour des raisons idéologiques, le planificateur, l'urbaniste viennent se substituer à l'anarchie des marchés dans les choix de vie. La collectivisation, comme monsieur Jourdain faisait de la prose, la Société la pratique de façon accrue chaque jour qui passe. Le président le sait bien qui voulait placer son fils à la tête de l'Epad de la Défense.






great_depression_memorial_flickr_cc_by_Tony the misfit


Dés lors, il faut s'interroger sur le revenu direct. Celui qui est versé par les entreprises aux salariés et dont ils consacrent une grande partie à une consommation largement importée et largement futile par ailleurs. Au contraire, le revenu indirect: par exemple le titre de transport, le chèque restaurant, l'allocation logement, la CMU, les tickets spectacles Opéra ou Musée, les bourses d'éducation, alimente une économie strictement locale et nationale. Plus on incite les entreprises à cette répartition plus on maintien de l'emploi et on jugule le déficit de la balance des paiements. C'est ce que font les allemands encore une fois: ils ont consentis à des restrictions de la rémunération directe au titre de la compétitivité mais maintiennent et développent les services collectifs, il suffit de parcourir leurs villes !

C'est pourtant une politique contraire que fomentent les conservateurs et libéraux anglais ainsi que leurs singes français.

On fait vivre des services collectifs qui sont in fine le meilleur argument pour les étrangers de venir investir. La France se situe dans le peloton de têtes des pays ou il fait bon vivre, l'accueil le pénalisant toutefois pour prétendre au Podium.

En second lieu, il est illusoire d'imaginer regagner de la compétitivité sur la production des biens de consommation par rapport aux usines de l'Asie. A l'opposé, nous devons être capable, ce que nous  faisons bien insuffisamment de vendre notre savoir faire dans l'organisation si bien maitrisée du collectif. Il nous faut vendre des stations d'épuration d'eau, des réseaux de métro, des musées, des universités, du savoir faire médical: rééducation, gériatrie.., gastronomique, artistique, en Urbanisme, en organisation des loisirs, de festivals culturels, de Musique .


On nous rabâche que les gisements d'emploi sont dans les services et on ne finance que la marchandise. Les premières restrictions budgétaires ont affectés les investissements dans le secteur touristique par exemple.

C'est ce gisement d'emplois qui peut concourir aux rétablissements de notre balance des paiements: ainsi cette publicité qui indique que Tokyo compte plus de restaurants étoilés au Michelin que Paris. Sommes nous sûr de vendre à son juste prix ce savoir faire, sommes nous sûr de former des élites aptes à s'exporter , des enseignants de faculté capables de s'adresser à un auditoire plus vaste que celui que leur procure nos lycées ?

Sommes nous assurés que nos banquiers savent financer ces industries nouvelles ?

Ainsi donc, loin de céder au libéralisme archaïque des gouvernements conservateurs et de notre président Bling Bling, nous devons effectivement le réinventer, fort de l'expérience de ses échecs comme de ceux du collectivisme socialiste qui se proposait de développer une civilisation humaniste. L'individu, parce qu'il est unique, parce qu'il est rebelle apporte l'Innovation, mais le marché comme le collectivisme repose sur l'Esprit grégaire, la volonté de tous de disposer des mêmes biens et services. Il n'y a donc pas de vrai contradiction à vouloir les conjuguer.

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