samedi 22 novembre 2014

Déchet de littérature

Les temps changent.

Les hommes et les femmes pour se connaître explorent mutuellement leurs profils en ligne.

Celui public pour l'employeur ou le partenaire futur en affaires, Celui là plus privé pour dire aux amis, non je n'ai pas changé je suis toujours des vôtres je me bourre la gueule comme les autres à la troisième mi-temps.

Nous partageons sans vergogne nos petits secrets avec nos amis, celà va de soi aujourd'hui comme hier, mais aussi entre garçons et filles, entre couples amis ou qui ne le sont pas restés.

Cette exposition de photos amicales et autoportraits réalisés à bout de bras, de films et vidéos maladroites à la sortie du concert de la vieille gloire de l'an passé et ces collages puisées aux quatres coins de la toile, voilà notre fierté.

Les temps changent.

Les jeunes hommes avaient leurs bars du Rugby et les males adultes leurs clubs privés.

Les jeunes filles échangeaient les bribes de ces mystères dans leurs expéditions de shopping au long cours se refilant l'adresse des escales où mettre le grappin sur le marin en bordée.

C'était avant avant hier, une éternité

Les filles du port et les petites bourgeoises des beaux quartiers s'affichent ensemble la chope de Guiness et la jambe haut levées à la sortie des boites branchées pour le selfie qui déchire.

On ne nous cache plus rien, même pas le plug anal qui sèche à côté du verre à dent sur le lavabo.

La honte à changer de camp.

 Un livre sur une table de chevet peut désormais devenir l'objet du scandale.

 Non point pour lui même, on ne se fait plus expulser de la belle société pour traîner un ouvrage de Sartre avec soi dés lors que notre liberté de pensée va jusqu'à considérer Zemmour.

 Mais pour laisser accroire que nous pourrions lire vraiment et ne point faire semblant, que nous pourrions soustraire un peu de temps à la vie sociale. Perdre ne serait ce qu'un jour le fil du Buzz, le cliché de la maîtresse du Président ou le film du mètre vodka sifflé par Paul sur son Facebook.

 Pire encore, afficher ouvertement une propension à la solitude et à la réflexion peut laisser croire que nous pourrions mener en parallèle une vie d'études.

 Il y a des stages de formation pour ça, de trois jours pour manager son équipe à un mois pour qui voudrait devenir de surcroît chef d'entreprise après avoir été ministre.        

 La lecture ne s'expose plus, il convient de cacher aux regards la moindre couverture. Dans les magasins de décoration on vend des étagères  avec moulages en plâtre de livres derrière lesquels on pourra dissimuler nos gourmandises inavouables.

 A la téloche, l'animatrice déco fait glisser dans la benne les breloques du Mont Saint Michel et les versets de la Légende des Siècles. Les collection de Reader 'digests de mémé et de France Loisirs de papa, trop populo ont déjà subis le même destin

 Certes on peut lire encore, sous condition de refrain, en salle de karaoké.

 Des listes de proscription ne sont point encore publiées, mais le patronat s’exaspère de tous ces diplômés même éduqués au rabais dans des classes surchargées.

 Renvoyons cette jeunesse à l'essentiel, la connaissance du poste de travail par l'apprentissage.

 A Londres et à Madrid, on multiplie par dix les droits d'inscriptions à l'Université. En Suisse, on s'évade d' Érasmus.

 On publie des statistiques incontestables: 80% de la population perçoit un salaire inférieur à 1,3 fois le Smic, combien de diplômés parmi ceux-ci quand un chauffeur de bus en gagne le double ?

 Si un stagiaire peut faire le job, c'est que tu t'es trompé d'orientation.

 Point besoin de Sociologie pour dispenser de la pensée positive dans la communauté que t'attribue le robot analyseur du clicodrome.

Certes On a encore besoin de programmeurs qui croient et aux vertus du Loto et dans la start'up que Zuckerberg voudra bien leur racheter au Milliard.

En attendant, grignote ton Mac'Do et balance dans la poubelle à épluchures tes déchets de littérature, ça enrichit le compost.


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