dimanche 3 juin 2012

Quand j'ai compris le Discours

Quand j'ai compris le Discours ou une soirée sur Twitter

Parfois quand la télé #ONPC n'a à proposer qu'un flamboyant philosophe narcissique #BHL je préfère poursuivre les lectures que me propose ma fantastique TL sur Twitter et de ces extraordinaires collisions de pensées que peuvent produire les sujets disparates qui viennent ainsi à moi dans un ordre aléatoire surgit parfois dans mon misérable entendement quelque éclat de lumière.

Tout a commencé par un tweet de Andy Revkin @Revkin pointant ce sondage ( http://www.collide-a-scape.com/2012/06/02/we-bend-science-to-our-beliefs/ ) qui montre que 46% des américains pensent toujours que l'homme a été créé par Dieu, il y a moins de 10 000 ans, prouvant que la vulgarisation de l'information scientifique ne semble avoir aucun effet, ne susciter aucune révision dans le discours de référence de chacun.

En réalité nous allons le voir, il est douteux que 46% des américains croient réellement à la proposition qu'ils ont choisis parmi les réponses du sondage qui leur étaient proposées. En réalité ils ont répondus à la question suivante êtes vous un bon citoyen croyant en Dieu ou un damné libéral athéiste et raisonneur ?

Du même "correspondant" me parvenait ensuite le lien suivant vers un article de David Ropeik dans le Huffington post ( http://www.huffingtonpost.com/david-ropeik/so-you-think-you-can-thin_b_1561226.html?ref=tw ) dont je traduirais le sens par Vous vous croyez capable de raisonner ? Réfléchissez y à deux fois. L'auteur y explique que les débats sur le réchauffement climatique et les démonstrations des scientifiques loin de convaincre les sceptiques les renforcent dans leur négation. Il s'appuie sur une étude du groupe the Cultural cognition project du professeur Dan Nathan ( http://www.culturalcognition.net/ )



On a observé un phénomène identique parmi un grand nombre de communistes après le rapport Kroutchev, la publication du livre rue du prolétaire rouge de Nina et Jean Kéhayan et jusqu'à l'aveu de Gorbatchev qui semblaient totalement imperméables à l'exposition des faits et inaptes à en tirer une autre conclusion qu'une adhésion plus grande encore au mythe de la réussite fantastique du système que continuaient à annoner les leaders orthodoxes du Parti

C'est, nous confie David Ropeik, que le discours n'a pas pour fonction d'établir la réalité des faits par leurs examens "scientifiques" mais d'établir un consensus de cohésion à l'intérieur d'un groupe, en faisant référence aux travaux de Sperber and Mercier que vous pourrez lire ici (lecture longue) ( http://www.dan.sperber.fr/wp-content/uploads/2009/10/MercierSperberWhydohumansreason.pdf ) Celui qui tient Discours ne retient que les arguments propres à persuader son auditoire, assurer la cohésion du groupe et maintenir son leadership et non à établir la vérité des faits

Premier point à retenir On ne prêche donc semble-t-il et conformément à l'adage que des convaincus et j'y reviendrais le discours a peut-être aussi pour fonction de dissuader les non-convaincus de rejoindre le groupe.

Nous nous confrontons donc à cette première nature du discours

Mais le plus intéressant restait à venir sous la forme d'un lien vers l'intervention de Georges Soros at the Festival of Economics, Trento Italy ( http://www.georgesoros.com/interviews-speeches/entry/remarks_at_the_festival_of_economics_trento_italy/ ) ou il explique la nature profondément artificielle  du discours ayant conduit à la création de l'Europe puis à la monnaie unique cet €uro qui fait pcshitt.
 On nous a raconté une belle histoire dont aucun des rédacteurs n'ignorait la fausseté avec l'espoir que les accidents inévitables conduiraient à prendre les décisions indispensables pour remettre sur pied un projet d’emblée vicié. Il fait référence au professeur David Tuckett un psychanalyste qui a étudié comment les managers de fonds financiers prenaient leurs décisions. Il raconte que son enquête lui a permis de comprendre qu'en réalité ces gestionnaires ne sont pas en situation de prendre des décisions rationnelles fondées sur des faits ou des analyses dont par ailleurs ils sont submergés. En définitive la nature de la décision d'investir est tout aussi émotionnelle que rationnelle d’où l'importance de bâtir un discours, une histoire qui donne une cohérence à ce qui n'en a pas.  ( http://www.youtube.com/watch?v=q88-alrZ5NA&feature=plcp )

Dans un discours on raconte une histoire qui se propose de modifier l'Histoire même lorsque les faits sont adverses.

De ce petit tour d'horizon d'une soirée Tweeter qui se révèle donc axée par surprise sur la nature du discours et son expression dans la construction européenne par Soros tentons d'appliquer nos lumières par exemple au discourt du défunt Parti communiste qui ne devrait plus faire de mal à grand monde sinon en Corée du Nord, mais on pourrait choisir indifféremment celui de l'église catholique ou de l’extrême droite française

Le Discours est le produit d'un débat qui a servi à renforcer, établir la cohésion d'un groupe, il développe donc des arguments consensuels pour ce groupe sans réel besoin d'en faire une démonstration par la preuve, par exemple l'affirmation le Parti communiste est l'avant garde du prolétariat en lutte.
Bien plus le Discours doit insister sur la différence radicale du groupe ainsi pour les communistes de l'affirmation de la nécessaire dictature du prolétariat comme étape intermédiaire vers le socialisme.

Le Discours peut être destiné à masquer un secret bien gardé qui renforce encore la cohésion du groupe dirigeant. Ainsi le Parti communiste tout en affirmant son adhésion à l'union des forces sociales ne souhaitait à aucun prix une alliance avec la social-démocratie atlantiste contre le Gaullisme aux accents nationalistes et peu enclin à se soumettre à l'autorité de l'OTAN.

Dans le Discours on pourra même glisser des contre vérités flagrantes qui vont servir de repoussoir à ceux dont on proclame officiellement que l'on recherche l'alliance mais contraindra le groupe à faire preuve d'une solidarité sans faille seul rempart contre la faiblesse des arguments. La défense du complot des médecins juifs et les procès qui s'ensuivirent assurèrent la rupture voulue avec les réformistes et offrit au Parti des militants totalement dévoués, staliniens, parfaitement insensibles à la contradiction.


Le Discours se doit de comporter des menaces d'abord à l'égard des traites qui douteraient et tenteraient d’abandonner le groupe, c'est l'enfer qui leur est promis tandis que la fidélité sera récompenser par l'entrée au paradis des lendemains qui chantent de la société communiste en construction.
Cette solidarité du groupe, cette promesse pour l'avenir contribue au succès dans un premier temps de l'entreprise. Mais au fur et à mesure que les échecs s'accumulent, Lénine disait les faits sont têtus, le Discours se radicalise, l'histoire, la Promesse continue de s'embellir, tandis que les menaces se font plus précises.

 Plus les faits donnent matière à discussions plus celles ci renforcent la cohésion du groupe et permettent aux membres d'affirmer leurs solidarités indéfectibles. Les faits contrariants, loin d'entrainer une révision du projet par ses auteurs les renforcent dans leur volonté d'aller jusqu'au bout, à en poursuivre la logique ,s'il en fût une, devenue folle et dés lors la légitimité du Leader en sort encore renforcée. Il est de fait devenu indéboulonable
Plus c'est gros plus ça semble pouvoir passer
Jusqu'à l'explosion finale et brutale de la Bulle qu'elle soit soviétique, vaticane, financière ou européenne.

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