vendredi 2 décembre 2011

Ah les Templiers ! Mais qu'est ce qu'ils viennent faire dans la crise ?

Je blogue rarement, mais il y a une bonne raison à cela, personne n'est venu me demander de le faire non plus -;) Je vais à nouveau parler de la crise, c'est un thème que nous tenons pour longtemps, à la lumière d'un sujet à la mode et récurrent lorsque l'incompréhension et l'ignorance ravivent la théorie du complot: les Templiers.
Ce n'est pas tant que l' auteur référent dans le domaine Alain Demurger accompagne la sortie d'un nouveau livre, par une visite des studios de radio car le buzz aujourd'hui c'est l'industrie des loisirs qui le provoque et c'est essentiellement  à l’occasion de la sortie du jeu Assassin’s Creed Revelations que nous le devons

Saint Laurent Médoc Benon



Oublions le folklore templier un instant qui appartient à son époque, c'est à dire l'aspect religieux, qui est au sens marxiste une superstructure pour nous pencher sur l'essentiel à savoir  La route commerciale qui conduit des mines du Nord et du Languedoc aux soieries et épices d'Orient. Jacques Attali a bien montrer dans 1492 que là résidait l'enjeu. Pour l'historien véritable, il ne saurait s'écarter de ce chemin, rappelons ainsi que bien avant l'empire romain les troupes d'Alexandre le Grand comptaient un quart de celtes "gaulois".

En parlant de route, il faut préciser qu'il y en a deux principales en concurrence que ce soit en Orient comme en Occident, certes avec quelques chemins de traverses secondaires, Celle de L'Ouest et celle de l'Est. L’Histoire européenne tant religieuse, économique et militaires n'est que le reflet de cette évidence. Qui impose sa route Est ou Ouest et qui contrôle cette route depuis le Nord ou depuis le Sud.

Que nous évoquions Rome et Hannibal ou la question des chevaliers du Temple, c'est la maitrise de la Route qui sert de trame. Et quand nous en venons à  évoquer l'Empereur Constantin, général romain des légions, celtes, de Bretagne "anglaise" mais natif d'Illyrie et de ses hésitations quand à la forme du christianisme qu'il convient d'autoriser, teintée d'Arianisme ou d'eau miraculeuse, ce sont des routes qui n'ont rien de mystiques qui en sont l'enjeu.



Les voies du seigneur doivent avant tout demeurer navigables ! Il n'y a pas d'historien sérieux qui ne soit à la fois géographe et économiste, c'est à dire qui ne compte d'abord le nombre d'Amphores et la provenance du minerai qui a servi à fondre le métal des armes ( et éventuellement les croix et médailles religieuses) qu'il recense et qui ne considère la route qu'elles ont suivies.

J'évoquais dans mon précédent billet à propos de la Crise la question, quoique furtivement, de la fausse monnaie. La banque templière, c'est ainsi que nous considérons l'ordre du Temple fut ainsi stoppée par un Roi, Philippe Le Bel, dont la réputation de faux monnayeur patenté est parvenue intacte jusqu'à nous.

On oublie un peu trop souvent que le métier premier du banquier est le stock, de métal, de matières premières, du drap et du grain. Avec plus de 5 000 commanderies, fermes fortifiées et châteaux, c'est exactement ce que faisaient la banque templière: stocker et protéger les récoltes. Et comme c'est curieux déjà, elle le faisait suivant un régime fiscal que nous connaissons bien, celui de l'exemption totale à titre religieux. Le "territoire" du Temple était juste un paradis fiscal. En outre finançant la construction des cathédrales, il créait le Marché de marchandises en villes franches (hors impôt par privilège royal) lors de la fête du Saint à qui était consacré l'édifice. En conséquence le Roi de plus en plus privé de ressources en vint à s'endetter trop justement auprès du Temple et à battre la fausse monnaie que ce banquier refusait de recevoir; étonnant d'actualité n'est ce pas ?

 par exemple à propos du manoir templier de saint Aubin (59)
Cette petite Maison templière fut une maison pastorale et de commerce et servait de liaison entre le Hainaut et les foires de Champagne. Les seigneurs accordèrent des exemptions et des franchises comme le font en 1251 Baudouin d'Avesnes, seigneur de Beaumont et Félicité son épouse, qui exemptent et affranchissent de tout droit de tonlieu, les frères de la maison de la chevalerie du Temple de Saint-Aubin se trouvant dans toute sa seigneurie du Sart et de Doulers, pour les denrées et marchandises que leur maison de Saint-Aubin avait besoin d'acheter ou de vendre dans toute l'étendue de la seigneurie.


Devrons nous à notre tour, adopter la solution du bel Roi et dresser le bucher de ce banquier qui lui aussi prétend n'être que la main de Dieu ?

Petite précision 1 : Philippe Le Bel s’appuiera sur les banquiers italiens, les lombards (les lombards sont un peuple germanique) comme le romance Maurice Druon dans les rois maudits. Deux siècles plus tard, François 1er tentera de récupérer la galette à son profit dans sa campagne italienne et le contrôle de la Route en s'alliant avec les Turcs.

2/ l'interdiction religieuse du prêt à intérêt fait très tôt de la spéculation sur le stock la rémunération principale du banquier.

2 commentaires:

  1. Un délice d'érudition et d'analyse divergente! Ma friandise de ce matin que je m'en vais partager de ce pas (multiplication des pains ?).
    Et que dire de la guerre de vingt ans entre la France révolutionnaire puis impériale et l'Angleterre, si bien décrite par C. S. Forester dans la série "Capitaine Hornblower", elle aussi causée par le contrôle des routes et masquée sous des idéaux politiques.
    A bientôt sut Twitter
    FrDubreuil

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  2. Puis je vous conseiller la lecture du livre Pirates sur toutes les mers du Monde de l'Amiral Heinz Neukirchen ? http://goo.gl/95juH

    On y comprend bien l'enjeu des routes de commerce

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